Yann Moix est né le 31 mars 1968, à Nevers. Il est écrivain, chroniqueur et réalisateur français. Son long métrage, Poduim, qu’il a consacré aux sosies, est, entre autres, interprété par Benoît Poelvoorde et a remporté un vif succès commercial en 2004. Son premier roman, Jubilations vers le ciel (Goncourt du premier roman), paraît chez Grasset en 1997 alors qu’il n’a que vingt-sept ans et est défini par François Busnel comme étant l’un des meilleurs premiers romans qui n’ait jamais été écrit. L’année suivante Moix publie Les cimetières sont des champs de fleurs, et enchaine les publications à un rythme tenu. D’une écriture percutante et risquée, il dresse les portraits manifestement réalistes d’un monde qui ressemble au nôtre, mais n’en fait pas non plus une généralité. En effet, en 2013, il écrit Naissance, sans doute son œuvre la plus impressionnante et la plus atypique. Il s’agit d’un pavé de plus de mille-cent-et-quelques pages, police onze, interlignes simples, auquel il a consacré quatre années d’un travail pittoresque. Naissance est haineux, mais pas seulement. C’est un déchainement interrompu de constats, rédigé dans une langue vivante, aux chapitres courts mais détaillés à l’obsession. Moix y règle ses comptes avec ses parents, ou pire : « Avec ce livre, je les ai tués, dit-il, je les ai tués physiquement ! ». Ancien enfant battu, il a opté pour la psychanalyse-littéraire (enfin, si on peut dire) et ça fonctionne plutôt très bien. En tout cas pour nous, lecteurs. Naissance est un roman, un essai, un conte philosophique, un cri. C’est un tout-à-la-fois qui renferme peut-être quelques-unes des plus belles pages de la littérature contemporaine et qui fait remporter à son auteur le prestigieux prix Renaudot, qui plus est prix préféré de l’écrivain.
Deux ans plus tard, toujours chez Grasset, il publie Une simple lettre d’amour, et comme le titre l’indique, il s’agit bien d’une lettre. Une longue et bonne vieille lettre de cent-quarante pages environs, au cours de laquelle Yann Moix s’essaie à une envolée lyrique qui résonne comme une claque dans la gueule – contrairement à ce qu’en dit Gérard Collard, bien-sûr, le libraire qui se prend pour une star, qui dans la même phrase qualifie Une simple lettre d’amour de grosse plaisanterie et avoue ne pas avoir dépassé les vingt premières pages ! Mais peu importe. Yann Moix y raconte le premier regard, les premiers émois mais surtout l’infidélité. A ce propos, d’ailleurs, il n’est pas tendre. Pas du tout, même. Il est tout le contraire, il se lâche, crache, vomis, fend en deux la croyance des femmes, etc. « Dès qu’une femme aime un homme, dit-il, elle fabrique un infidèle », et lorsqu’on l’interroge directement, il prétend que l’homme n’y voit pas le moindre mal, bien au contraire. Tromper une femme pour un homme, c’est rien, c’est comme aller à la piscine.
« Malédiction des amoureux, d’il-il encore : ils se ressemblent tous, et ne veulent ressembler à personne. Surtout pas à eux-mêmes. Nous n’avons pas échappé à la règle. »
Yann Moix a le don d’énerver de par son intelligence et son talent. D’accoucher de livres énervants, intelligents et talentueux. Mais comment pourrions-nous lui en vouloir ? La littérature n’est pas uniquement faite pour apprécier une après-midi à la plage. Elle est aussi là pour déranger, torturer et faire réfléchir. Dieu merci, sinon il n’y aurait que Marc Levy.